4 Janvier 2009
En attendant que sa prophétie se réalise, Theodore Herzl doit faire face à des ennemis inattendus : les juifs anti-sionistes. En effet, plusieurs des coreligionnaires européens d’Herzl le traitent au mieux de fou, au pire d’irresponsable. Les religieux d’abord, à travers la personnalité de Moritz Gudermann, grand rabbin de Vienne, condamnent un projet « politiquement périlleux ». Gudermann rejette le judaïsme « avec canons et baïonnettes qui échangerait le rôle de David avec celui de Goliath ». Les juifs bourgeois, ensuite, redoutent que le sionisme d’Herzl ne leur fasse perdre tous leurs acquis et surtout leur statut de citoyens à part entière durement acquis au fil des siècles. Ils estiment que le judaïsme doit s’en tenir à la tradition et aux symboles. Proche de ce dernier argument, les juifs ultra-orthodoxes refusent, quand à eux, que la Torah passe au second plan derrière l’idée d’Etat. En contradiction avec ses derniers, les partisans d’Herzl réfutent d’emblée l’argument religieux puisque le sionisme est d’abord, selon eux, un mouvement politique, voire une révolution. Elie Barnavi, l’historien israélien contemporain, dira en ce sens du sionisme qu’il est une « invention d’intellectuels » qui ont tourné le dos aux rabbins, aspirant à la modernité et qui cherchent « à corps perdu un remède à leur mal de vivre ». Ainsi, exécré par beaucoup de ses coreligionnaires, Herzl se tourne vers les puissances occidentales dont il sait que l’appui à sa cause est indispensable.