20 Février 2018
Alors un vieil homme, un aubergiste de son état, dit, Parle-nous de la boisson et de la nourriture.
Il répondit :
Je souhaiterais que vous Puissiez vivre du parfum de la terre et, telle comme une plante dans l’air, vous alimentez de lumière.
Mais puisqu’il vous faut tuer pour manger et dépouiller le nouveau-né du lait de sa mère afin d’étancher votre soif, que ce soit un acte de vénération.
Et que votre table soit un autel sur lequel on sacrifie les créatures pures et innocentes qui courent la forêt et la plaine, au bénéfice de ce qui est plus pur et plus innocent encore dans l’homme.
Quand vous tuez une bête, dites-lui en votre cœur :
"Par cette même puissance qui t’immole, je suis immolé moi aussi ; et moi aussi je serai absorbé.
Car la loi qui t'a livré entre mes mains me livrera à une main encore plus puissante.
Ton sang est le mien ne sont autre que la sève qui nourrit l'arbre des cieux."
Et quand de vos dents vous écrasez une pomme, dites-lui en votre cœur :
"Tes pépins survivront dans mon corps,
Et les bourgeons de tes lendemains fleuriront dans mon cœur,
Ton arôme sera mon haleine,
Et ensemble nous nous réjouirons par toutes les saisons".
À l'automne, lorsque vous cueillez le raisin de vos vignes pour le pressoir, dites en votre cœur :
"Je suis, moi aussi, une vigne, et mes grappes seront pressées,
Et tel un vin nouveau je serai gardé dans des jarres éternelles ".
Et en hiver, lorsque vous tirez le vin, que se lève en votre cœur un chant pour chaque coupe ;
Et que résonne dans ce chant une commémoration des jours d'automne, de la vigne et du pressoir".