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Fahtia Nasr Art Scrapbooking et Littérature....

La légende de Isli et Tislit, les deux amoureux berbères

La légende « Isli et Tislit » raconte l’histoire de deux lacs d’Imilchil : ils furent dans une époque lointaine deux amoureux dont les parents refusèrent le mariage ; ils moururent d’amour et se transformèrent en ces deux lacs nommés « Isli ET Tislit » signifiant « le fiancé et la fiancée ». C’est sur le bord de ces lacs que, lors du « Moussem des fiançailles d’Imilchil », les jeunes hommes et les jeunes femmes berbères se découvrent, s’observent, participent à des concours poétiques dans l’espoir d’y découvrir, séduire et épouser l’être aimé.

 

Que dit la légende ?

 

     Adrukh iwa ru iwa gakh tin ijdad

     A yasmum eqqar iâaqqub ar teqqarkh .

 

Traduction :

 

     « Je pleurerai

     Pleure

     Faisons comme les oiseaux

     O mon bien aimé

     Appelle Iâaqqub et que je l’appelle».

 

 

D’un bout à l’autre de la montagne d’Imilchil, Tislit envoyait ces vers devenus célèbres à son amoureux qui y répondait par des vers non moins pathétiques.

   

Célèbres ? Plutôt légendaires car ces deux vers renvoient dans la culture amazighe du Moyen Atlas, à une légende qui dit à peu près ceci :

 

« Il était une fois il y a de cela bien longtemps, deux amoureux qui avaient défrayé la chronique par leur idylle merveilleuse. Mais le Dieu de l’amour, outré par je ne sais quel manquement aux règles, après les avoir transformés en oiseaux, décida que les deux amoureux vivraient dans la même forêt sans jamais pouvoir se voir. »

 

C’est ainsi que commença le calvaire de ceux qui sont devenus une réalité pour les habitants du Moyen Atlas : tout le monde ici vous dira, à la nuit tombée, que les beaux cris qui se suivent, que vous entendez dire clairement : « Yaâkoub » puis « Ishaak » sont ceux des amoureux maudits. Ils s’interpellent ainsi et se rapprochent petit à petit l’un de l’autre, jusqu’à dit-on occuper le même arbre.

A ce moment là, craignant de crier en même temps et ne pas s’entendre, ils se taisent tous les deux en même temps, et un lourd silence enveloppe la forêt. A ce moment précis, le cœur tordu, les femmes et les hommes qui savent et qui croient en l’amouront les larmes aux yeux. Chacun a pitié de ces damnés de l’amour sans raison apparente.

 

« Ah si l’un d’eux pouvait enfin crier ! Se lamente la contrée ».

 

Les amoureux attendent, attendent, dans les soupirs et la folle envie de voir enfin le bien aimé. En vain. Le désespoir, la lassitude mais surtout la volonté de recommencer de nouveau les prend tous les deux en même temps : ils s’envolent chacun dans une direction et, quelques kilomètres plus loin, ils se reposent sur la cime d’un cèdre, d’un chêne, d’un pistachier sauvage, d’un quelconque arbre. Puis le calvaire de l’absence, de la nostalgie, de la douleur recommence à crier : « Iâakououb » «Ishaaaak»…

 

Depuis les temps les plus reculés, ce cycle se refait chaque nuit au Moyen Atlas, surtout pendant les longues nuits d’hiver et de printemps. Il paraît que les deux oiseaux n’aiment pas l’été pour une raison non encore élucidée.

 

C’est donc en souvenir de cet éternel recommencement que Tislit envoie les vers déjà cités à Isli.

 

Un an auparavant, les deux jeunes se sont rencontrés, se sont aimés de toutes leurs forces. Mais pour leur malheur, ils appartenaient à deux groupes devenus rivaux pour une affaire que l’histoire n’a pas retenue.

 

Le mariage leur était donc impossible. Ainsi commença leur calvaire.

 

Pour venir à bout de la bêtise humaine, ils commencèrent une grève de la faim arrosée par leurs larmes et leurs chants.

 

La fille commença la première à chanter cet interdit contre nature dans ces termes :

 

 « aha yach a memmi nu yach

Amuttl en umarg es imzwura“

 

« Je te dis mon ami

La malédiction de l’amour

Ce sont les anciens… »

 

Isli lui renvoya son izli ainsi:

 

«da etgallax ar i tebdit d ixf

allig da da zerrin midden walu

wer ya da essektayx »

 

« Je te jure que tu m’as séparé de ma tête

Et que les gens passent

sans que je les reconnaisse »

 

Tislit:

 

« Ennighak day ennighak amarg ennk

ami ezzlumx timzin

Iggama wul ad ikn ijjawn »

 

« Je te dis et redis:

Ton amour est comme qui mangerait

une épie d’orge

jamais mon cœur ne s’en rassasie »

 

Isli :

 

« ullah da tettax ar kni d ik tix assix afus

Ezzigh da tekkat inegri ed wuchi a wenna rix »

 

« je mange

et dès que je pense à toi

Je n’ai plus d’appétit

Ton absence est un obstacle

entre moi et la nourriture »

 

...un merveilleux arc en ciel fait par les mains de l’amour, s'étendait d'un bout à l'autre du lac, formant une couronne magistralement portée à la tête des deux amoureux d'Ait Hadiddou...

Je sais que ce lac sera notre adresse pour l'éternité .Tu verra, nous allons vivre dans la mort puisque on a été forcé de mourir dans la vie...

...et, désormais leur demain ''voulait dire malheureusement ''Jamais''...


 

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E
C'est une belle histoire d'amour. J'adore les histoires d'amour ! eva.
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S
<br /> Bonjour Eva, merci pour ta visite, j'aime aussi cette légende berbére que les berbères en chantent dans leurs moussems, bises<br /> <br /> <br />
F
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de m'envoyer cette histoire.Bravo pour la réparation de la connexion t'es trop forte!A bientôt.
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S
<br /> Bonjour Flopso,<br /> J'ai toujours le problème de connexion, j'ai une maudite application qui bloque ma visite sur les sites, bon, c'est sûrement un virus, ni Norton ni Avast n'ont pu nettoyer complètement mon disque,<br /> pour la légende, je suis allée dans la librairie, trois ou quatres, et j'ai cherché cette légende pour écrire les poèmes en leur totalité, mais je ne l'ai pas trouvé donc j'ai publié ce que la<br /> pluspart sur le net disent sur cette légende mais je préférais lire le conte, je préfère le livre, je l'ai trouvé sur le net mais je n'aime pas acheter via le net.<br /> Je te souhaite des joyeuses fêtes, bonne journée<br /> <br /> <br />
P
Je suis passé à Imilchil et à l'un des lacs début septembre: alors qu'ils faisait 35 ou 40 degrés ailleurs au Maroc, il faisait 11°C à Imilchil!!! c'est violent! mais les paysages sont absolument magnifiques partout autour! et ma clio s'en souvient encore: il a plu qq jours avant et j'ai dut lui faire traverser une 15aine de torrents qui traversaient la route... quelques grosses frayeurs pour une petite clio!   bon week-end
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S
<br /> Bonjour Pierre, merci pour ta visite sur mon blog, moi aussi je suis passé à Imilchil, mais je n'ai pas visité la ville, peut-être un jour j'irais voir ce moussem des fiançailles mais pas pour me<br /> marier ou chercher mon âme soeur, c'est par curiosité et pour voir la beauté des ces deux lacs Isli et Tislit, bises<br /> <br /> <br />
M
BIENVENUE DANS MA DEMEUREQUE DES JOURS ENCORE SUCCEDENT AUX JOURS POUR Q AMITIE SINCERECOURONNENT LES PARFUMS DE TON PAYS QUE JE CONNAIS ET AIME IRENE
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S
<br /> Bonjour Irene,Merci pour ta visite et ton commentaire, bienvenue sur mon blog<br /> <br /> <br />