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Fahtia Nasr Art Scrapbooking et Littérature....

Vidéo et analyse de l'œuvre - Le voyageur au-dessus de la mer de nuages du peintre Caspar David Friedrich

Caspar David Friedrich, peintre romantique allemand et l'un des plus grand peintres paysagers européens, a peint en 1818 Le voyageur au-dessus de la mer de nuages, un tableau célèbre dans lequel se cristallisent les préoccupations majeures de l'esthétique romantique du paysage : sombre, semblable à une silhouette découpée, un rocher s'élève au premier plan. Un randonneur vu de dos se dresse là, au-dessus des nuages de brume qui montent et d'où pointent ici et là des rochers nus, et contemple les sommets lointains et les chaînes montagneuses. Au-dessus se déploie un ban de nuages. et ses œuvres

    Un vaste panorama montrant des espaces vides domine cette scène baignée de la nostalgie rêveuse du lointain. Friedrich a réalisé exactement le contraire de ce qu'il critique chez les peintres de paysage académiques qui , ainsi qu'il l'écrit "pressent impitoyablement dans un angle de vue de quarante-cinq degrés tout ce qu'ils voient dans la nature dans un rayon de cent degrés", ce qui fait que tout ce qui "était séparé par de grands intervalles dans la nature...se touche ici dans l'espace restreint", "remplit et sature" l’œil et exerce sur le spectateur "une impression fâcheuse et angoissante".

    Autre élément décisif dans l'agencement du tableau : le recours à l'effet du sublime que le grand poète romantique anglais Lord Byron exprimait par une question : "Les montagnes, les collines et les nuages ne sont-ils pas une partie de moi-même et de mon âme, come je fais moi-même partie d'eux ?" Et Carl Gustav Carus a déclaré en 1835 : "Approche-toi, foule le sommet de la montagne, contemple les longues rangées de collines, regarde les fleuves couler et toute magnificence qui s'offre à ton regard...tu te perds toi-même dans l'espace illimité..., tu oublie ton Moi : tu n'es rien, Dieu est tout."

Carl Gustav Carus, Le Monument à la mémoire de Goethe, 1832
Carl Gustav Carus, Le Monument à la mémoire de Goethe, 1832

    Le personnage vu de dos est vraisemblablement une allusion patriotique, le souvenir d'un homme disparu durant les guerres de libération anti-napoléoniennes. La brume symbolise peut-être l'idée de cycle naturel, le phénomène naturel devenant alors l'allégorie d'une contemplation métaphysique. Mais le brouillard qui recouvre la vallée pourrait aussi avoir un sens historique, celui d'un passé "non élucidé" sur lequel se tend un ciel clair, signe d'un nouveau libéralisme politique. N'oublions pas de citer le philosophe Jean-Jacque Rouseau qui, au milieu du 18e siécle, décrit l'effet purificateur de la haute montagne avec l'idée d'éther, matière du plus haut ciel divin, cinquième élément ou "quintessence". Le regard du défunt "randonneur des mondes" de Friedrich est lui aussi fixé au-dessus des sommets et des nuées, sur des régions éthérées, dans la quintessence divine qui apporte la sérénité. Friedrich laisse le sublime dans la subjectivité du vécu mais tente finalement à nouveau de le transcender.  

Voir en Cliquant ICI la liste des œuvres du peintre Caspar David Friedrich

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