26 Mars 2012
Mona Lisa (La Joconde)
Huile sur bois, 77 x 53
Paris, Musée National du Louvre
« Mona Lisa était très belle. »
Giorgio Vassari, 1550
Sur le portrait de Mona Lisa par Léonard, sans doute le tableau le plus célèbre de l'histoire de l'art, nous ne disposons guère d'informations sûres. La source principale vient de Giorgio Vasari, à qui nous devons le nom mais qui ne vit jamais lui-même le tableau et ne connut personnellement ni le commanditaire ni le peintre. C'est la femme du commençant en soie, Francesco del Giocondo, qui y est représentée, d'où son titre « La Joconde ». L'hypothèse selon laquelle il pourrait s'agir aussi d'un portrait d'Isabella d'Este, cette femme qui fut vraisemblablement l'objet d'un dessin de profil réalisé par Léonard, a été réfutée.
Tout porte à croire que Léonard en reçut la commande en 1503. Peut-être la naissance du second fils de la famille Giocondo et son emménagement dans une nouvelle demeure en constituèrent-ils le motif. Il est donc admis que les travaux eurent lieu de 1503 à 1506, période où Léonard séjourna à Florence. Ses contemporains doivent avoir immédiatement reconnu qu'un chef-d’œuvre voyait le jour. Raphaël, qui rendit visite à Léonard dans son atelier, reprit dans ces années-là ce type de portrait dans ses propres œuvres. Il est singulier que le tableau resta en possession de Léonard jusqu'à sa mort, peut-être parce qu'à cause de la technique de peinture complexe il resta durant des années inachevé. En particulier le paysage de l'arrière-plan confirme l'hypothèse que Léonard continua à travailler jusqu'au moins en 1510 à ce tableau. En tout cas, peu de temps après la mort du peintre en 1519, Mona Lisa entra à Fontainebleau en possession de François 1er, roi de France.
La description que Vasari en donne en 1550 n'est que le début de l'histoire sensationnelle et unique de ce portrait. Il célébrait la beauté de la femme, la technique picturale et la précision méticuleuse de Léonard, qui dépassait en finesse et authenticité tout ce qui avait été peint jusqu'alors. Selon Vasari, l'on pouvait voir les yeux briller d'un éclat humide, les veines courir sous la peau ainsi que le pouls battre dans le creux du cou. L'expression magique du visage incita Vasari à un jeu de mots lourd de conséquences, qui constitua une énigme les siècles suivants. Léonard aurait réussi le célèbre sourire de Mona Lisa seulement parce que, pendant les séances de peinture, il aurait engagé des troubadours et des bouffons pour que la dame reste toujours gaie. Vasari ne tarissait donc pas d'éloges sur le « doux sourire » qui semblait être divin plutôt qu'humain. Certain l'humour de Léonard qui créa pour lui et son modèle l'état d'âme souhaité. Le goût prononcé de Vasari pour les galéjades suggère que le sourire pourrait être une allusion à son nom « La joconde », tiré du mot latin « iocundus » ou encore « iocus » - « plaisanterie ». d'innombrables interprétations seraient alors réduites au désir de Léonard de peindre un portrait de caractère jovial. Il faut tout autant tenir compte des références à la beauté idéale des tableaux de madones.
Dans ce portrait Léonard réunit tous les éléments de portrait féminins florentins de la haute Renaissance. Mona Lisa est représentée en demi-figure, les mains posées l'une sur l'autre sur un parapet, encadrée de deux côtés par des colonnes coupées. À l'arrière-plan le vaste paysage est essentiel, qui ne rend pas la patrie florentine mais offre une vue représentative sur le monde. Il est un exemple grandiose de la technique picturale de Léonard, le sfumato, ce voile fumeux de flou qui enveloppe les objets dans une atmosphère diffuse.